Scènes d'amour

Scènes d'amour et autres cruautés

Editions Zellige, septembre 2015


Elle fait pff en avançant la lèvre inférieure pour décoller les cheveux qui lui chatouillent le nez. Elle agite encore sa corde à sauter, sans conviction. Elle essuie de temps à autre sa figure très ronde, un peu lourde, avec le dos de sa main ou même le revers de sa robe. Et c’est à ce moment-là, celui où un pan de tissu est levé devant son visage, que passe sur la route quelque chose de rose. Et quand c’est passé, la petite fille n’est plus là. Sur le bord de la chaussée, il n’y a plus que la corde. Une corde vert fluo avec des poignées en plastique.


Disparition ? Enlèvement ? L’auteur de Scènes d’amour et autres cruautés nous enlève, nous aussi, sans complaisance, des lieux de notre quotidien. Dans la rue, dans une salle d’attente, à table, au lit, il nous surprend en flagrant délit d’innocence. D’absence. Le basculement s’est produit subrepticement. Il nous entraîne dans les profondeurs plus ou moins avouables de notre petit infini personnel et il nous laisse alors tout seuls face à nos questions.

Nous retrouvons, dans l’écriture de Jacques Richard, le goût du dérapage, du sens pluriel et détourné. L’acuité de l’observation, la puissance d’évocation ouvrent sur une vision du monde dont l’humour parfois corrosif n’oblitère jamais la tendresse pour ses semblables.


Ouvrage inclassable, même si on peut le rapprocher du surréalisme (rappelons que l’auteur est belge). Mais ouvrage d’une extraordinaire qualité littéraire, à la langue magnifique, ciselé comme par un orfèvre.

Il s’agit sans conteste du plus beau texte publié jusqu’ici chez Zellige.

Jacques Richard, peintre, écrivain, musicien, vit à Bruxelles. Scènes d’amour et autres cruautés est son quatrième ouvrage. Tous ont été salués par la critique.


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